Extrait “Dans les pas du géant”

Extrait du 1er chapitre

Oubliez un instant les habituels clichés : la violence endémique, la corruption, le football, la samba et le carnaval. Chaussez de nouvelles lunettes et laissez-vous guider : comme le navigateur portugais Pedro Álvares Cabral en l’an de grâce 1500 sur le littoral bahianais, vous débarquez dans un pays immense et méconnu. Un pays à conjuguer au superlatif : le Brésil, la septième puissance mondiale, celui qu’Amerigo Vespucci fut le premier à qualifier de « paradis terrestre ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Brésil, c’est d’abord 8,5 millions de km². Cinquième pays de la planète par sa superficie, il représente la moitié de toute l’Amérique du Sud à lui seul !

Une très forte unité culturelle préserve toutefois la nation brésilienne des risques d’éclatement que l’on peut constater dans d’autres grands États où coexistent de nombreuses minorités. Une langue unique, le portugais. Une même religion, le christianisme, pratiqué selon les rites catholique ou évangéliste.

Une absence notable de problèmes raciaux due au fort métissage de la population, largement composée de mulatos (métissage de Blancs et de Noirs), de caboclos, appelés aussi mamelucos (métissage de Blancs et d’Indiens) et de cafuzos (métissage d’Indiens et de Noirs). Tout cela constitue le socle de la nation brésilienne et permet à la population de cet immense territoire de cohabiter dans une relative harmonie, malmenée en revanche par des inégalités parmi les plus criantes au monde et une indiscutable violence urbaine.

Le sentiment d’appartenir à la même nation est, au Brésil, une indéniable réalité. Tous se retrouvent le soir devant les telenovelas de la TV Globo et le pays s’arrête de respirer quand l’équipe nationale de football, la Seleção, pénètre sur la pelouse lors d’une compétition internationale.

Mais unité ne veut pas dire uniformité.

À la vérité, il n’y a pas « un » Brésil mais « des » Brésils. Quoi de commun entre et entre l’immense forêt amazonienne, le polygone de la sécheresse du sertão décrit par les climatologues, et les mégalopoles du Sud, São Paulo et Rio de Janeiro ?

Seule une âme profondément métissée pouvait refléter à la perfection l’extrême diversité – à la fois ethnique, sociologique, économique et culturelle – de ce pays. C’est cette âme-là qui, depuis mon premier voyage sur place, m’a fait aimer le Brésil et m’a permis de mieux le comprendre au fur et à mesure que j’y faisais des découvertes toujours plus fascinantes.